Les lieux incontournables à visiter dans la période préromane asturienne

Un itinéraire à travers l'art préroman asturien est bien plus qu'un cours d'histoire. C'est un voyage divertissant dans le passé où vous ferez des découvertes fascinantes et où vous profiterez de tout ce que le présent peut vous offrir : les villes dans lesquelles se trouvent certains monuments, ou les merveilleux environnements naturels et ruraux dans lesquels se trouvent d'autres monuments.

Entre plafonds voûtés, arcs en plein cintre, colonnes sogueadas, piliers, décorations en treillis ou iconostases, vous vous immergerez dans le monde incroyable d'un petit royaume médiéval à la fois courageux, lié à la culture européenne et empreint de spiritualité : l'ancien royaume des Asturies.

Ainsi, entre églises et cathédrales ou anciens palais, vous pénétrerez dans l'âme asturienne. Outre l'architecture médiévale, vous découvrirez des paysages, des coins, des légendes, des habitants qui vous raconteront des histoires, des caves où vous pourrez déguster de bons plats, des bars où vous pourrez acheter les meilleurs fromages, des villes et des villages pleins de vie, des pèlerins venus du monde entier pour parcourir le Camino de Santiago... Des souvenirs, des émotions, des moments, des expériences, des sensations... Un monde de rêves et de rêveries qui vous touchera au cœur depuis l'utopie d'un royaume qui, aujourd'hui encore, vous laissera pantois par sa beauté sereine.

Pour toutes ces raisons et d'autres que vous découvrirez en chemin, nous vous proposons quelques visites incontournables pour vous rapprocher de l'art préroman asturien.

Colunga, le préroman amoureux des vagues de la mer

Depuis Cangues d'Onís/Cangas de Onís, vous accéderez directement à la côte orientale des Asturies et mettrez le cap sur le conseil de Colunga. Vous y trouverez le village de Gobiendes, qui tend les bras en quinconce pour atteindre la mer. En effet, ce paisible village est un splendide point de vue sur la côte, tout en offrant de magnifiques vues sur la chaîne de montagnes du Sueve, l'altitude la plus élevée et la plus proche du golfe de Gascogne de toute la région des Asturies.

Ainsi, dans un cadre rural asturien paisible, au point le plus élevé du village, se dresse Santiago de Gobiendes, un temple préroman qui a subi quelques modifications au fil du temps, mais qui conserve des éléments originaux et constitue l'un des exemples les plus remarquables de l'art préroman tardif (datant d'environ le Xe siècle).

Villaviciosa, l'esprit vivant du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle

Depuis Colunga, vous pouvez vous diriger vers la commune voisine de Villaviciosa et faire une halte à San Salvador de Priesca, un lieu idyllique doté d'une église préromane datant également du Xe siècle et situé en plein milieu du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle a également la particularité d'être le dernier des édifices d'art préroman à avoir survécu jusqu'à aujourd'hui.

Grâce à sa situation privilégiée sur une colline, il offre par temps clair de belles vues sur l'estuaire de Villaviciosa, dont il n'est distant que de quelques kilomètres.

Après une promenade dans le village de Priesca, où il n'est pas rare de croiser un pèlerin sur le Chemin de Compostelle, vous pourrez vous rendre à Villaviciosa, la capitale de la commune, qui possède un splendide quartier historique et une grande ambiance liée à la culture de la pomme et du cidre.

Bien entendu, avant d'entrer dans la capitale de la commune, vous pourrez vous rendre à San Andrés de Bedriñana, et profiter d'un autre moment de douceur avec l'art préroman.

Une fois que vous aurez visité la ville, votre prochaine étape sera San Salvador de Valdediós, une église populairement connue sous le nom de "El Coventín", et considérée comme la dernière grande œuvre de l'art asturien à être restée à la postérité. En réalité, Valdediós présente un intérêt tout particulier pour ce qu'elle représente en tant que condensé de l'art développé dans les Asturies au cours de ses cent ans de créativité, mais aussi pour ce qu'elle représente en tant qu'ouverture au nouveau style mozarabe, qui annonce également plus d'un siècle à l'avance ce qui sera le premier art roman européen.

Construit par Alphonse III le Grand - où ce monarque vécut ses dernières années -, il semble que le complexe ait été composé d'un palais et d'autres dépendances, à l'instar des complexes palatiaux qui existaient à Oviedo/Uviéu et sur le Monte Naranco.

Aujourd'hui, le couvent se dresse, résistant au passage du temps et des pèlerins dans la "Vallée de Dieu", avec le monastère carmélite de Santa María de Valdediós à proximité.

La paix et la tranquillité que vous respirerez dans ce lieu vous donneront envie de ne jamais le quitter.

Pravia, qui rappelle une cour paisible

Pour continuer sur le ton paisible de votre voyage, rien de mieux que de vous rendre à Pravia, capitale du conseil du même nom, dont les rues, les places, les églises, les collégiales et les palais conservent clairement les réminiscences de ce qui fut une cour cultivée, pieuse et paisible.

C'est le roi Silo qui a établi la cour à Pravia en 774, au milieu du VIIIe siècle, comme le montre la statue qui rend hommage à ce roi des Asturies sur la place même de la collégiale de Pravia.

À quelques kilomètres de la capitale royale se trouve l'église de San Juan de Santianes de Pravia, considérée comme la plus ancienne des Asturies et érigée par la volonté du roi Silo et de son épouse Adosinda (où ils sont également enterrés, selon les chroniques). En la regardant, vous découvrirez l'un des premiers exemples de l'art préroman. Les environs de l'église sont enveloppants, bien que le complexe artisanal, qui était complété par un palais royal, n'ait pas été préservé. Un beau paysage rural, une corbeille à pain, des vues splendides, les maisons colorées des indianos voisins, la présence d'un palais dans les environs et la proximité du musée préroman rendent ce monument historique tout à fait captivant.

Oviedo, la "regia sedes" rêvée par Alphonse II

De Pravia à Oviedo/Uviéu, la route est simple et belle, et dès que l'on pose le pied dans la capitale des Asturies, on se rend compte de son rayonnement royal. Oviedo/Uviéu fut la grande capitale du Royaume des Asturies grâce à la vision stratégique du roi Alphonse II, surnommé le Chaste, parce qu'il ressemblait plus à un moine qu'à un roi mondain.

La ville conserve encore aujourd'hui l'esprit de "Regia Sedes" avec lequel Alphonse l'a conçue et il existe de nombreux vestiges de cette cour dans le centre historique d'Oviedo, les plus remarquables étant la Sainte Chambre d'Oviedo/Cathédrale d'Uviéu et San Tirso el Real. En dehors du centre historique, on peut également visiter l'église de San Julián de los Prados et la fontaine de la Foncalada.

Oviedo/Uviéu est aujourd'hui une ville moderne et accueillante, où vous vivrez le parcours jacobéen d'une manière très particulière, car c'est ici qu'est né le chemin de Saint-Jacques, dont l'architecte fut précisément Alphonse II.

Le centre historique est toujours animé, avec ses musées, ses places, le marché de Fontán, ses boutiques, ses terrasses, ses bars et ses restaurants, ses voyageurs et ses pèlerins... C'est une déambulation continue et joyeuse qui vous insufflera une énergie positive, tout en vous permettant de parler face à face avec l'histoire du royaume.

Monte Naranco, un lieu de détente

À la périphérie d'Oviedo/Uviéu et au pied du Monte Naranco, l'un des poumons naturels de la ville, se trouvent les deux joyaux préromans les plus célèbres de l'histoire du Royaume des Asturies : Santa María del Naranco et San Miguel de Lillo.

Aujourd'hui, le Monte Naranco continue d'être un lieu de détente et de loisirs, non seulement pour les habitants d'Oviedo, mais aussi pour tous les Asturiens et pour tous les voyageurs et visiteurs de la région. Si vous vous rendez à Monte Naranco, vous devez donc vous arrêter sur le site de ces deux monuments.

Santa María del Naranco - qui a eu une fonction palatiale avant d'être sacralisée - est l'exemple le plus brillant de l'art préroman européen. Depuis la prairie qui l'entoure, on a une vue splendide sur la ville d'Oviedo/Uviéu. À une centaine de mètres de là se dresse San Miguel de Lillo, où Ramiro I, le monarque qui a ordonné la construction des deux églises, avait l'habitude d'aller à la messe.

Une journée au Monte Naranco sera certainement aussi agréable pour vous qu'elle le fut pour le roi et sa cour lorsqu'ils s'y rendirent depuis Oviedo/Uviéu.

Vous pourrez également contempler deux monuments classés au patrimoine mondial de l'UNESCO (ainsi que la Cámara Santa, l'église de Santullano et la fontaine de la Foncalada à Oviedo/Uviéu).

Ici, au pied du Naranco, vous pouvez également visiter le Centre d'interprétation du préroman des Asturies. À l'aide de cartes, de chronogrammes et de photographies, vous pourrez parcourir les différentes étapes de l'art préroman asturien et tous les monuments, grâce à des panneaux d'interprétation. Des ateliers sont également organisés pour les enfants.

Bendones, un joyau préroman avec vue sur les montagnes d'Aramo

Bendones est un village tranquille et accueillant situé à quelques kilomètres d'Oviedo/Uviéu. Depuis de nombreux siècles, et plus précisément depuis le IXe siècle, il abrite dans l'un de ses coins les plus attrayants un joyau de l'art préroman construit au IXe siècle, sous le règne d'Alphonse II : Santa María de Bendones.

L'église, qui, comme d'autres œuvres d'art préroman, a subi des vicissitudes historiques (surtout au XXe siècle) qui ont réduit sa structure originale, est encore debout aujourd'hui après sa reconstruction et semble être un exemple de résistance.

Au cœur du village, elle regarde le ciel et l'imposante Sierra del Aramo, dans un cadre rural et paisible inoubliable.

San Pedro de Nora, art royal au bord de la rivière

Depuis Bendones, on peut se diriger vers Las Regueras, pour atteindre San Pedro de Nora. L'endroit où se trouve cette église est un lieu idyllique au pied de la rivière, si bien que les jours ensoleillés, toute la silhouette préromane de l'édifice sacré se reflète dans le lit de la Nora, comme s'il s'agissait d'une peinture artistique.

San Pedro de Nora est un autre héritage du règne d'Alfonso II et, comme tous les autres, il jouit d'une situation privilégiée et permet de faire une promenade d'une grande intensité culturelle et paysagère : on peut visiter les thermes romains de Valduno, les méandres de la Nora - qui constituent un merveilleux spectacle naturel -, se promener sur l'emblématique pont Gallegos et même discuter avec quelques pèlerins que l'on trouve sur son chemin...

Santo Adriano de Tuñón, sous l'influence de l'ours brun

Depuis les effluves magiques de la Nora, vous pouvez vous diriger vers les vallées de Trubia et vous arrêter dans la ville de Tuñón, où se trouve l'abbaye de Santo Adriano de Tuñón, fondée à la fin du IXe siècle par Alphonse III le Grand et son épouse Jimena, et qui est l'une des dernières constructions préromanes érigées au cours des deux siècles de la monarchie asturienne.

Santo Adriano est situé dans un cadre naturel spectaculaire, à proximité de la rivière et avec la Senda del Oso comme fidèle compagnon, ce qui contribue à animer la région auprès des amateurs de randonnée et de cyclisme, ainsi que des passionnés de nature et de culture. Tuñón a une ambiance toute l'année puisqu'elle est le point de départ de la Senda del Oso et qu'elle abrite un trésor préroman depuis plus d'un millier d'années.

Santa Cristina de Lena, le joyau de la couronne

Depuis les vallées de Trubia, vous pouvez traverser l'Alto de La Cobertoria jusqu'à La Pola, capitale du conseil de Lena, et de là jusqu'à la belle église de Santa Cristina de Lena, qui sera le dernier grand point de repère de votre itinéraire préroman.

Située dans un endroit idyllique, au sommet d'une colline, surplombant la vallée de la rivière Lena, Santa Cristina semble être hors du temps. Les spécialistes affirment qu'elle a été construite au IXe siècle, sous le règne de Ramiro Ier.

La douce Santa Cristina, connue comme celle aux mille coins, en raison des nombreuses entrées et saillies dans le cadre de ses proportions réduites, semble être une gardienne des vallées, des montagnes et des routes, celles qui relient les Asturies à la Meseta depuis des temps immémoriaux.

En l'observant calmement, avec le même calme qu'elle dégage, Santa Cristina (qui figure sur notre photo de couverture) semble vous chuchoter qu'elle garde des secrets inavouables...

Ainsi, tranquillement, comme vous l'avez commencé, vous terminerez votre parcours à travers l'art préroman asturien !